En effet, quel est le risque à être soi? « Aucun », dirons certains.
Alors, qu’est-ce qui fait que c’est si difficile? Qu’est-ce qui fait que nous vivons en deça de qui nous sommes, que nous ne voulons pas faire vague et nous différencier? Qu’est-ce qui fait que nous apprenons très tôt à nous conformer, à nous oublier, à nous contorsionner pour avoir le simple droit d’EXISTER?
Et oui, c’est la PEUR.
Peur de ne pas être aimé. Peur d’être abandonné ou rejeté. Peur d’être trahi, humilié ou dévalorisé. Peur de perdre ce parent qui a ses propres souffrances.
Car depuis notre arrivée sur Terre, nous avons besoin d’être aimé et reconnu par l’autre, en commençant par nos parents et surtout notre mère.
Oser être soi implique forcément le face à face avec l’autre et le RISQUE se situe au niveau de la RELATION.
Très tôt l’enfant comprend qu’il est aimé sous conditions, qu’il est aimé si… il est gentil, sage, travailleur, etc… Oh, les parents ne font pas exprès. Ils reproduisent bien souvent ce qu’eux-mêmes ont vécu ou encore le contraire, ce qui n’est pas si éloigné.
Quelles sont les conséquences à ne pas être soi et à vivre en deça de qui l’on est?
Nous finissons donc par oublier qui nous sommes et par adopter des stratégies pour être aimé et reconnu. Nous mettons de côté des parties de nous qui ne sont pas valorisées par l’environnement et nous sur-développons ce qui est encouragé.
Nous finissons par être morcelés, amputés, avec des besoins et des émotions refoulés. Or, ces émotions et ces besoins vivent encore en nous en tant qu’adultes. Nous finissons par nous mentir à nous-mêmes en occultant ces parties de nous. Puisque nous nous mentons (inconsciemment) à nous-mêmes, nous ne pouvons être pleinement authentiques avec les autres. Nous sommes reconnus pour ce que nous ne sommes pas vraiment et ressentons un sentiment d’usurpation. En fait, nous voudrions être reconnus pour ce que nous sentons être et que nous n’osons exprimer !
La liberté d’être passe par l’acception de ce qui vit en nous.
Ce chemin se fait par accueils successifs de parties de soi et par deuils successifs. A chaque fois, c’est une invitation à la renaissance. Nous avons besoin de nous libérer de nos traumatismes et de mettre du sens. A partir de là, nous pouvons prendre conscience et accepter que nous sommes ce que nous sommes « grâce » à notre histoire, que nous avons développé des ressources (puisque nous avons survécu) qui n’existeraient pas sans ces événements.
Tant que ça n’est pas réglé, ça se répète et nous courons après des signes de reconnaissance.
Nous courons après des signes de reconnaissance que l’autre est bien incapable de nous donner puisque lui-même en a manqué. C’est un jeu de dupes où tout le monde est perdant et où il y a beaucoup de frustration et d’incompréhension.
On ne vit pas le présent. On réagit comme lorsqu’on était enfant. On projette sur l’autre et on interprète ses intentions et ses actions au travers de nos filtres.
L’idée est de reprendre les rennes et de devenir conscient.
Devenir conscient, c’est s’observer sans se juger. C’est clarifier ce que je veux puis poser des actes concrets. C’est aussi sortir des attentes infantiles et se permettre de grandir…
Tout un programme qui nécessite parfois d’être accompagné avec bienveillance et lucidité…