Voici une histoire qui illustre la notion d’attente et de dépendance affective…
Simone a 2 enfants et déjà 3 petits-enfants. Ses longues journées se passent dans l’attente que l’un d’entre eux veuillent bien l’appeler, passer la voir, donner des nouvelles d’une vie qui bouge… ailleurs. Elle se démène pour leur rendre service, pour être disponible pour eux, pour faire passer leurs besoins avant les siens.
Alors, forcément, elle est souvent déçue ! L’équilibre entre ce qu’elle donne, sur un mode « oubli de soi », et ce qu’elle reçoit ne lui paraît pas équitable. Elle a le sentiment de beaucoup donner et de ne rien ou peu recevoir. Et ça la ronge… Elle est malheureuse, triste et seule.
Evidemment, de son côté, son fils vit mal ses allusions aux peu d’appels qu’il lui passe, au peu de temps qu’il lui consacre, à ce qu’elle appelle de l’indifférence. Au début, il appelait de bon coeur pour avoir de ses nouvelles et lui faire partager les anecdotes de sa vie professionnelle ou familiale. Puis, de reproches voilés en attentes insatisfaites, il a pris du recul. Oh, non pas sans une certaine culpabilité. Mais, il se préserve d’une pression qu’il ressent comme insupportable. Sa vie est ailleurs, avec sa femme et ses enfants, avec son travail et ses amis. Certes, il est (un peu) reconnaissant de ce que ses parents lui ont donné mais tout ça c’est derrière lui et les attentes (ou reproches) de sa mère lui pèsent. Comme si le vide affectif dans lequel elle vit ne pouvait jamais se remplir. Comme si tout ce qu’il lui donne était trop peu.
Simone se sent victime, alors que ce sont ses attentes qui lui font mal. Elle se sent dépendante des autres pour aller bien. En passant devant la librairie du quartier, elle a aperçu dans la vitrine un livre de Guy Corneau « Victime des autres, bourreau de soi-même ». Ça l’a interpellée mais elle ne s’est pas sentie concernée… Victime oui, bourreau non ! Drôle de titre… Heureusement, qu’elle a sa petite-fille à qui elle peut se confier et qui la comprend. Auprès d’elle, elle peut pleurer et raconter ses frustrations, son incompréhension du mode de fonctionnement des autres. Ce n’est pourtant pas grand chose ce qu’elle demande !
Simone est si malheureuse qu’elle ne peut pas entendre que, sans le vouloir, ses attentes ont créé de la pression chez ceux qu’elle aime. Elle a tellement d’amour dans le coeur pour les autres qu’elle ne peut s’aimer et se faire du bien de façon autonome…