Je partage avec vous l’histoire du passeur que j’ai reçue et qui m’a beaucoup touchée…
Un jour, un homme sur le chemin de la (re)connaissance, croisa un passeur assis au bord du fleuve. Fatigué de son voyage qu’il avait commencé il y a bien des années, il demanda au passeur la permission de se reposer près de lui, permission que le passeur s’empressa d’accorder au voyageur fatigué.
– Aujourd’hui je suis près de toi et je constate que je ne suis rien. Mais toi passeur, dans tes yeux je vois quelque chose de merveilleux, j’y vois ce que je cherche depuis tant d’années sans savoir y mettre un nom. Dis-moi qu’as-tu fait, enseigne-moi, montre-moi le secret ?
– Ce que j’ai fait ? Moi aussi comme toi, j’ai cherché. Dans ma jeunesse j’ai même cru que j’avais atteint le portail de la vérité. Mais derrière cette porte, il n’y avait absolument rien ! Il m’a fallu réapprendre à vivre ! A vivre mes colères, à vivre mes vanités, à vivre l’orgueil et l’égoïsme, apprendre la vie de couple, apprendre la jalousie et la possession, apprendre à réapprendre, à vivre les initiations, les débuts sans fin … Jusqu’au moment où la vie m’a montré la beauté dans les épreuves, dans les défauts, dans mes défauts… Où j’ai enfin compris que la pierre était un être en devenir, qu’une colère était une paix en devenir, que la méchanceté était du bon en devenir, que le mensonge était la vérité en devenir, que la haine était de l’amour en devenir, que l’ombre était de la lumière en devenir. J’ai compris qu’il n’y avait rien à attendre, que le passé était du futur en devenir et par conséquent du présent en l’état. A ce moment là, j’ai senti poindre en mon coeur, en mon âme, cette ultime vérité du moment : il n’y a que l’amour, et cet amour permet d’atteindre la sublime illusion de la béatitude. La seule chose, c’est d’aimer, aimer la pierre, le vent, la rivière, aimer la colère, la méchanceté, la bêtise. Aimer le monstre comme le saint, s’aimer soi-même, aimer ton corps, ton âme et ton esprit et peu importe s’il n’est pas parfait car là aussi il faut aimer son imperfection. Voilà, mon ami voyageur, le secret du passeur.