Pervers narcissique : les reconnaître et s’en libérer

La médiatisation des pervers narcissiques (PN) en a fait un terme galvaudé. Dès qu’une relation amoureuse ou professionnelle se passe mal, le protagoniste est vite taxé de pervers narcissique. Or, la manipulation (compliments, chantage, menace, comparaison, séduction, etc.) est utilisée à des degrés divers –de façon consciente ou inconsciente- par de nombreux individus.
Ce qui va distinguer le pervers narcissique du simple manipulateur, c’est la volonté consciente de contrôler et de détruire sa victime.

Définition du Pervers narcissique (PN)

Le « pervers narcissique » est un concept psychanalytique qui associe deux pathologies : le narcissisme, qui est l’intérêt excessif pour soi, et la perversion, qui consiste à utiliser l’autre à ses propres fins.
En fait, le pervers narcissique a une image dévalorisée de lui-même et une dépendance affective qu’il gère en rabaissant les autres pour se revaloriser lui-même. Autrement dit, il cherche à détruire chez l’autre ce qu’il ne peut atteindre lui-même. On retrouve ce trouble de la personnalité chez les hommes en majorité, bien que ce trouble soit également présent chez les femmes.

Comment devient-on PN ?

Il semble que l’éducation reçue puisse générer une personnalité de pervers narcissique, par exemple :

• Des parents négligents, ne valorisant pas l’enfant et n’étant pas à l’écoute de ses besoins
• Des parents trop exigeants, perfectionnistes et dévalorisants générant une mauvaise estime de soi
• Des parents narcissiques attendant de l’enfant instrumentalisé qu’il réalise de grandes choses
• Un des parents pervers narcissique lui-même qui choisit parmi ses enfants la cible la plus fragile
• Une enfance en institution sans repère auquel s’identifier

L’enfant découvre alors qu’il peut obtenir des choses par la ruse, la séduction, la manipulation ou l’intimidation.
Ses croyances les plus courantes :

– chacun pour soi
– c’est le plus fort qui gagne
– le monde est pourri
– c’est l’argent et le pouvoir qui comptent

Comment repérer un pervers narcissique en 10 leçons?

Le sujet est fortement documenté et de nombreux sites existent sur le sujet. Voici un récapitulatif des points essentiels que l’on retrouve chez le PN :

1. Besoin excessif d’être admiré, de reconnaissance et de succès. Egocentrique. Il donne l’apparence d’être supérieur aux autres, voire charismatique (gourou, thérapeute, chef, etc). Acteur et menteur pour tenir son rôle. Il exige la perfection chez l’autre.

2. Manque total d’empathie et de culpabilité. Il est déconnecté du cœur et ne ressent pas les émotions de l’autre.

3. Grand séducteur et manipulateur. Il appâte sa victime dans la phase « lune de miel » pour mieux l’utiliser comme un objet ensuite.

4. Double visage :
• A la maison : tyran, odieux, pénible, boudeur, dévalorisant, jaloux, critique ;
• A l’extérieur : souriant, charmant, attentionné, flatteur.

5. Violence verbale (insultes), psychologique (menaces, chantage, humiliation, dévalorisation), parfois physique (bousculade, coups).

6. Isole sa victime (par sa jalousie, sa paranoïa, le mensonge), et la coupe de son entourage pour mieux la contrôler et la priver d’un regard extérieur lucide et de tout soutien. Il veut tout contrôler (lectures, amis, finances, émotions).

7. Communication floue et double langage ou double sens : dit une chose en privé et le contraire en public. Il change d’avis. Il critique parfois sans en avoir l’air. Il souffle le chaud et le froid pour garder sa victime dans ses filets et lui faire perdre tout esprit critique : tantôt séducteur et agréable, tantôt humiliant et pénible. Il déforme les faits de manière à faire douter la victime de sa mémoire ou de son ressenti (gaslighting). Il détourne la conversation, exagère les propos de l’interlocuteur, le discrédite en public afin de ne pas traiter le problème soulevé et de rendre sa victime encore plus confuse ou isolée.

8. Se fait passer pour la victime en renversant les rôles. Il culpabilise sa victime en projetant sur elle ses propres défauts et n’assume absolument pas les conséquences de ses actes. Il attire la bienveillance de l’auditoire par ses plaintes.

9. Incapable de se remettre en question. Il a toujours raison. L’autre a tort. Il est inconscient de sa pathologie. On ne le trouve pas chez les psychothérapeutes ou alors il les manipule!

10. Se nourrit de l’énergie vitale de sa victime comme un prédateur jusqu’à l’anéantir complètement.

 

Petit clin d’œil à considérer avec précaution : “Des sourcils plus sombres, plus épais et plus distinctifs”, c’est ce qu’auraient en commun tous les pervers narcissiques, selon des chercheurs du département de psychologie de l’université de Toronto.

Attitudes du Pervers Narcissique

Il repère sa proie, l’observe et la séduit pour ensuite la contrôler. Il ne se dévoile qu’une fois que la personne est sous emprise, sous dépendance et bien souvent une fois qu’elle s’est engagée.

Il donne à voir quelqu’un de discret, cordial, compréhensif, gentil, serviable, flatteur, charismatique et ne montre son vrai visage qu’une fois l’amorçage bien établi avec sa victime.

Ensuite, il critique, dévalorise, humilie, pointe les défauts et faiblesses. Il utilise un pseudo « humour » pour blesser ou mettre mal à l’aise.

Il joue les victimes et se plaint. Il renverse les rôles. Dès que sa victime lui exprime ses besoins ou sa frustration, il lui fait comprendre qu’elle ne sait pas formuler ses demandes ou que c’est à cause d’elle qu’il a cette attitude. S’il pousse l’autre à bout, dans la colère, c’est lui qui devient victime ! Du coup, sa victime se remet en cause et doute de son vécu et de l’interprétation des faits et s’en trouve davantage confuse.

Il fait des promesses qu’il ne tiendra pas.

Le PN se nourrit de l’énergie de sa victime, se sent tout puissant. Il n’a pas de « vrais » amis.

Colérique, froid, insensible, humiliant, sarcastique, moqueur, jaloux, possessif, paranoïaque susceptible, rigide, moralisateur, calculateur, menteur, malveillant, profiteur, pingre, narcissique, égocentrique, mégalomane, cruel et destructeur…

Il se prétend supérieur. Pour lui, l’autre n’a pas de valeur sauf en tant que faire-valoir.

Par conséquent, il n’envisage pas de se remettre en cause. Il souffre d’un manque total d’empathie. Pour autant, il sait reconnaître les sentiments, pensées et intentions des autres, et est doué pour les imiter et les utiliser.

Dès que sa victime tente de lui échapper, il ré-appâte par la séduction, se fait pardonner avant de revenir à son attitude humiliante et dévalorisante.

Différencier un PN et d’un simple manipulateur

La manipulation existe chez les deux individus.

Toutefois, le PN manipule pour dévitaliser sa victime de son énergie et de son identité et la détruire in fine, tandis que le manipulateur manœuvre pour obtenir quelque chose.

Le PN ne se remet pas en cause tandis que le manipulateur pourra se remettre en cause un jour.

Le PN est froid et n’éprouve pas de sentiment tandis que le manipulateur éprouve parfois des sentiments et de la culpabilité.

Le PN n’a pas de limite tandis que le manipulateur en a.

Profil de la victime

La relation victime-bourreau prévaut largement sur Terre et ce dès l’enfance. Par conséquent, il existe une prédisposition à rencontrer ce type de profil PN chez les personnes joviales, tolérantes, patientes, naïves et généreuses, voire sacrificielles, manipulables par la culpabilité, la dépendance amoureuse et le manque de confiance en soi, fragilisées par une rupture ou un traumatisme.

Les personnes affirmées, dominantes ou exubérantes n’attirent pas le PN, pas plus que les dépressives avérées dont il ne pourra pas se nourrir.
Parfois, les victimes s’enferment dans un cercle vicieux. Des femmes, et aussi des hommes, persistent dans des relations dans lesquelles ils sont instrumentalisés, voire maltraités, tout en défendant leur partenaire, collègue de travail ou supérieur hiérarchique lorsque celui-ci est mis en cause par l’entourage (Syndrome de Stockholm). La victime pourrait donc bien se trouver complice de son bourreau malgré elle. Il est nécessaire de l’aider à repérer les faiblesses dans lesquelles s’engouffre le pervers, pour mieux s’en défendre.

Conséquences chez la victime

Progressivement, la victime du PN perd tout repère, tout esprit critique et ne sait plus à quoi s’attendre.

En effet, la même action de sa part déclenche tantôt des attitudes destructrices, tantôt des retours neutres ou positifs. De ce fait, la victime est toujours sur le qui vive, ne sachant ce qui va se passer. Cela la met dans un état de stress et d’hyper-vigilance permanent.

Elle se sent :

– dévalorisée, humiliée
– honteuse
– coupable
– en perte d’identité
– en perte de confiance en soi
– coupée du monde
– dans une confusion mentale (type lavage de cerveau), perd tout esprit critique
– dans le doute (de son ressenti, de ses qualités, de sa compréhension)
– en hyper-contrôle de ce qu’elle dit ou fait, pour ne pas contrarier le PN
– épuisée physiquement et émotionnellement (palpitations, crises d’angoisse, vertiges, symptômes physiques)

A noter que depuis le début, la victime sent et sait que quelque chose ne va pas dans la relation. C’est physique. D’ailleurs, la honte vient du fait que, malgré ces signaux d’alerte, la victime est restée à se faire humilier, à supporter l’intolérable, à se laisser détruire, culpabiliser et à pardonner au moindre signe de gentillesse.

Comment s’en libérer ?

Comme le PN ne changera pas, la seule solution pour la victime est de couper la relation et de partir pour sauver sa peau!

Pour réussir à couper ce lien, il faut faire preuve de ténacité, se montrer solide, intransigeant et insensible. Il faut dépasser sa dépendance affective et sa blessure d’abandon qui rend la rupture si difficile. Il faut accepter de se confronter au vide.

Pourquoi est-il si difficile de quitter un pervers narcissique ?

Parce qu’il ne laisse pas partir sa proie ! Il ne le supporte pas. Dans ce cas, il fait tout pour la récupérer en actionnant les failles de sa victime, à savoir la culpabilité et la dépendance. Il lui dit et lui répète qu’il l’aime. Il n’hésite pas à pleurer aussi. Beaucoup…

Il faut donc se faire aider par des associations de victimes, par un psychothérapeute, par son entourage pour stopper la relation et se reconstruire ensuite et surtout sortir du schéma victime-bourreau en se réalignant à soi-même et reprenant le contrôle de sa vie.

En attendant de couper la relation, l’idée est :

  • de confirmer qu’il est PN (voir test ici)
  • d’avoir la présence d’un tiers pour régler ses comptes
  • de s’entourer de personnes soutenantes
  • de Téléphoner au Centre d’Appel 3919
  • de respirer avant de répondre au PN
  • de rester calme
  • d’éviter de se justifier
  • d’adopter un discours neutre « c’est ton avis, tu as le droit d’y croire », « personne n’est parfait » ou le silence
  • de pratiquer le disque rayé en répétant et numérotant les réponses « pour la 2ème fois je t’informe que je ne viendrai pas à ton anniversaire. Ce n’est pas possible »

Pour aller plus loin

E-books gratuits : https://www.pervers-narcissique.com/ebooks/

http://www.perversnarcissique.com/test-pervers-narcissique/
https://www.pervers-narcissique.com/5-erreurs-a-eviter-avec-un-pervers-narcissique/
https://www.demotivateur.fr/article/pervers-narcissique-psychopathe-techniques-manipulation-mentale-psy-6431

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