L’état amoureux : de la fusion à la confusion !
Ça m’est tombé dessus ! Dès que je l’ai vu, mon rythme cardiaque s’est mis à s’affoler, mes pupilles se sont dilatées et mes membres sont devenus cotonneux. Bien sûr, j’ai affiché un sourire béat et j’ai papillonné des cils en accrochant son regard de braise… Nous sommes tout de suite sortis ensemble et je n’ai pas attendu plus d’une nuit pour rendre les armes. Tant pis pour le qu’en dira-ton. L’amour a ses raisons que la raison ne connaît pas. Ça m’arrange!
Depuis, c’est l’extase ! le bonheur océanique, la complétude absolue. Il est celui que j’attendais et il me rend parfaitement heureuse… tant qu’il est là ! Car dès qu’il s’éloigne, j’erre comme une âme en peine, privée de tout ressort. Nous passons tout notre temps libre ensemble. Finies les sorties avec les copines ou les cours de danse, finie la lecture et le ciné. Je m’en fiche. J’ai une pêche d’enfer et pourtant nous dormons très peu! Nous nous disons tout… et rien… et piquons des fous rires entre deux parties de jeux plus torrides les unes que les autres. Je le trouve merveilleux et je le lui dis. Il est mon prince, mon héros, ma partie manquante!
Ça, c’est que je disais il a 8 mois. Il paraît que c’est normal!
Car là mon prince, s’est transformé en crapaud! Tout m’agace chez lui. Il ne range pas ses affaires, il veut sortir avec ses copains au lieu de rester avec moi, il aime le foot et moi la danse, les patates et moi les légumes, les thrillers et moi les comédies romantiques. Bref! Tout nous sépare. Je ne dois pas être faite pour vivre en couple! »
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Effectivement, cette jeune femme vit ce qu’on appelle la sortie de la période de fusion, de passion qui dure entre 6 mois et 3 ans. Pendant cette phase, l’amoureux n’est pas vu tel qu’il est, ni d’ailleurs ne se montre dans sa vraie nature. Nous projetons, idéalisons et mettons de côté ce qui pourrait nous déranger. En fait, nous aimons l’amour que nous suscitons chez l’autre et l’image gratifiante que cela nous renvoie de nous-même. Étape certes nécessaire…
Ensuite, vient la seconde étape dite de lutte pour le pouvoir, où chacun tente de reprendre ses marques, de retrouver son identité, ses activités. C’est la phase la plus délicate car la désillusion s’installe. On aime l’autre tout autant qu’on le critique (ou le déteste) ! Des disputes récurrentes sur les thèmes de l’argent, des tâches ménagères, des enfants, des loisirs, de la sexualité… émergent avec la sensation de tourner en boucle et de ne pouvoir en sortir.
C’est lors de la 2ème phase que de nombreux couples se séparent, au moment même où ils entrent dans la maturité du couple et dans l’espace qui leur permettrait d’évoluer ensemble. Dommage ! C’est dire que dans cette phase, l’accompagnement du couple peut être opportune. Car apprendre à gérer les crises et à grandir grâce à elles est le défi de cette période où le règne du « moi d’abord » prédomine.
C’est aussi oublier qu’AIMER est avant tout un verbe d’action et que si la période de fusion nous a fait croire qu’il n’y avait rien à faire parce que ça nous tombait dessus, il est maintenant temps de comprendre qu’un couple c’est vivant et que ça se nourrit de multiples gestes d’amour et de dialogue. Tout un programme que la culture du ZAPPING de partenaires n’encourage pas à aborder, surtout quand les blessures de l’enfance sont réactivées par la relation.
Grandir, c’est sortir de l’immaturité affective. C’est comprendre que l’autre n’est pas là pour réparer nos blessures. Il aide à les identifier (en appuyant bien dessus!) pour pouvoir mieux les transmuter…